Archive des étiquettes : paranormal

LES YEUX DE LA TÊTE

Comme chaque jour depuis le début des vacances, Richard se tenait devant la vitrine trônant dans le salon de sa grand-mère. Les mains sagement cachées derrière le dos, il regardait la parade immobile d’objets de curiosité. Pièces antiques, insectes pris dans l’ambre, crâne miniaturisé, carnets à la reliure brûlée par le vent et le soleil… et une étrange statuette grossièrement sculptée dans la jade dont il ne parvenait à détacher les yeux.…

À SA PLACE

Toc… Toc… Toc… 

Ce qui tira Alix de son sommeil fut un martèlement dont l’intensité ne faisait que s’accroitre. On aurait pu croire au début à un voisin plus fou qu’un autre, mais ces impacts n’étaient pas assez violents pour correspondre à un outil frappant la tête d’un clou contre une cloison. De plus, ils se suivaient un rythme métronomique.

Émergeant peu à peu de l’inconscience du sommeil, Alix comprit qu’ils n’étaient pas plus puissants, mais qu’ils se rapprochaient.…

DONNANT-DONNANT

Paul n’avait jamais rencontré Marie, mais il allait pourtant la tuer. Garé au pied de son immeuble aux volets fermés, aux rideaux tirés, aux portes closes, il tentait de percer l’identité de cette bâtisse anonyme des faubourgs de la ville. Il n’avait vu entrer ni sortir personne depuis son arrivée, une heure plus tôt. À présent, les façades masquant le soleil couchant couvraient les reliefs de la rue d’un immense voile grisâtre, seulement déchiré épisodiquement par les phares tranchants des voitures de passage.…

APPELS DE DÉTRESSE

Pierre s’était tout de suite dit que ce week-end en amoureux au milieu de nulle part était une mauvaise idée, mais il n’avait pas osé s’en ouvrir à Nathalie tant elle lui avait fait comprendre que ces moments loin de tout seraient indispensables pour sauver leur couple. Et Nathalie était suffisamment jolie pour que Pierre mette son esprit critique en veilleuse et accepte de la suivre les yeux fermés.…

DRESSÉ FACE À LA NUIT

Cela faisait bien vingt minutes que Fred et Anna se disputaient à l’avant, et Antoine avait cessé d’écouter ses amis, se faisant discret sur la banquette en regardant défiler le paysage de champs où paissaient quelques chevaux tranquilles. La raison de leur dispute était oubliée depuis longtemps, et il avait hâte que le gîte qu’ils avaient loué pour le week-end se montrât enfin.…

ET DANS LEURS YEUX, LES TÉNÈBRES

Le ciel hors de lui crachait des lézardes argentées comme pour pallier le départ du soleil. L’ondée s’abattait en rangs serrés contre le pare-brise agacé de cette mitraille entêtée qu’il tentait d’écarter à grands coups d’essuie-glace paniqués. Dans la voiture, Gaïa, le regard perdu vers l’horizon maussade pointé par la route départementale déserte, serrait les mains sur le volant comme pour l’étrangler.…