Archive des étiquettes : violent

J’AURAI TA PEAU

L’entrelacs des conversations était parfois percé par la stridence du percolateur déversant du café brûlant au fond des tasses blanches. Aux tables, était accoudée une population majoritairement ouvrière, chacun penché en avant sur son assiette pour débattre à la lumière orangée des suspensions de politique, de la famille et du travail pénible. Dehors, sur la terrasse, un couple se bécotait, imperturbable, malgré le passage des voitures sur le boulevard.…

DRESSÉ FACE À LA NUIT

Cela faisait bien vingt minutes que Fred et Anna se disputaient à l’avant, et Antoine avait cessé d’écouter ses amis, se faisant discret sur la banquette en regardant défiler le paysage de champs où paissaient quelques chevaux tranquilles. La raison de leur dispute était oubliée depuis longtemps, et il avait hâte que le gîte qu’ils avaient loué pour le week-end se montrât enfin.…

ET DANS LEURS YEUX, LES TÉNÈBRES

Le ciel hors de lui crachait des lézardes argentées comme pour pallier le départ du soleil. L’ondée s’abattait en rangs serrés contre le pare-brise agacé de cette mitraille entêtée qu’il tentait d’écarter à grands coups d’essuie-glace paniqués. Dans la voiture, Gaïa, le regard perdu vers l’horizon maussade pointé par la route départementale déserte, serrait les mains sur le volant comme pour l’étrangler.…

INTRUSION

Comme souvent depuis le grand effondrement, il s’approcha de la fenêtre de son salon pour jeter un œil sur le monde dévasté qui s’étendait au-delà du mur d’enceinte de sa vaste propriété. Jumelles à la main, il effectua un lent panoramique sur les restes de la ville. Dans le cercle cinématographique de l’instrument d’optique, il voyait les rues jonchées de détritus et de décombres indéfinissables où des carcasses de véhicules à demi incendiées finissaient de rouiller dans l’air vif du matin.…

LE SENTIER DES LAVOIRS

Le sentier se déroulait sous une voute feuillue, bordé sur la rive nord par une enfilade de maisons de pierres surplombant une étroite rivière aux eaux serpentines d’un noir d’encre. Chaque habitation s’accrochait à la berge en pente douce par un lavoir couvert d’un appentis de bois sombre où, jadis, les femmes du village venaient laver leur linge à l’abri des rayons du soleil.…